17 févr. 2007

52 euros et 09 centimes

Aller à la FNAC un samedi après midi c’est un peu comme vouloir clubber un soir de week end : une opération risquée voire hautement déraisonnable. Plein de gens, partout. Comme frustrés de leur semaine, ils viennent se venger sur leur CB dans « ce supermarché de la culture ». A tous les étages, dans tous les rayons, une foule compacte se presse. Etape numéro 1, survivre aux deux escalators bondés. Puis slalomer sans encombre entre les ménagères de moins de cinquante ans qui squattent le rayon livres de cuisine et s’extasient devant une pile de Cyril Lignac. Passage en coup de vent côté musique. Une énième odyssée Punk signée Eudeline, la biographie de Pete Doherty par Busty, non merci ! Et m’y voilà enfin. Mon havre de paix, mon eldorado, mon péché mignon : le rayon littérature étrangère. La transition est immédiate. Comme si une ligne imaginaire séparait cet espace du reste du magasin. On respire, c’est un autre monde. Les clients y sont aussi rares qu’étranges. Blotti entre Bukowski et Bret Easton Ellis, discret avec sa couverture sobre, il m’attend. Lui, c’est Lettres, le nouveau William Burroughs. Ca faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. En parcourant les Inrocks et leur chouette papier sur la Beat Generation, j’ai craqué. Je suis bien placée pour voir quand un journaliste brode avec sa plume de bois. Là ce n’est pas le cas. Des mots trop justes et trop beaux, il me le faut ! Hop, et un p’tit John Fante pour la route, une réédition de mon préféré, Demande à la poussière. J’ai égaré malencontreusement mon vieil exemplaire lors d’un déménagement… Encore quelques instants à profiter de la quiétude ambiante et retour à la réalité. Passage à la caisse. Ca joue des coudes, on se croirait au départ du marathon de New York. Le retraité devant moi, trois bouquins sous le bras, est tout «déboussolé» comme disait ma grand mère quand elle se retrouvait engloutie dans la foule des samedis. Et moi de lui répéter sans cesse : « Mais mamie, t’es à la retraite, tu fais rien de tes journées, pourquoi t’obstiner à sortir le samedi après midi, HEIN ? » Le mystère reste entier, elle est morte avant d’avoir répondu à ma question. Pas sur qu’elle ait eu elle même la réponse… 16H43. La FNAC, après avoir allégé mon compte en banque de 52 euros et 09 centimes, me recrache brutalement sur un morceau de trottoir gris. J’aime vraiment pas le samedi…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"Demande à la poussière" est un des mes dix bouquins préférés...par contre, je ne comprends pas ce que tu as contre Cyril Lignac!!!

Mira

Claire a dit…

Moi je comprends !!

Céline Puertas a dit…

ah, quand même quelqu'un de censé ici! merci Claire !

the teenagers a dit…

c est bon chez lui